Une exposition collective avec : Henry Darger, Matthias Garcia, Thomas Liu Le Lann, Paul Kindersley, Jennifer May Reiland, Gaël Sillère
Henry Darger (1892-1973) entame l’écriture de son récit épique « The Realms of the Unreal » autour de 1910 à Chicago. Pendant près de trente ans, jusqu'en 1939, et de manière totalement isolée, l’artiste et écrivain autodidacte, déploie sur plus de 15 000 pages dactylographiée une histoire fantasmée autour de la guerre glandeco-angélinienne, causée par la révolte des enfants esclaves. Les riches illustrations à l’aquarelle qui accompagnent ce récit sont peuplées de corps pré-adolescents, de créatures fantastiques, de militaires sanguinaires. Les Vivian Girls, ces jeunes princesses héroïques parées d'un sexe masculin, forment ses « petites saintes ». Pour construire sa fiction Darger a besoin de planter le décor et d’attribuer à chacun.e de ses personnages des fonctions, des missions même si des silhouettes reviennent souvent, faute de moyen mais pas faute de talent. Il décalque les figures de petites filles dans les magazines, bandes dessinées et livres d'Histoire qu’il récolte le plus souvent parmi les déchets. Il va même jusqu’à conserver les photos de fillettes disparues affichées dans les journaux. Darger réalise également de nombreux dessins préparatoires de plus petites dimensions aux allures de croquis de costumier comme ceux présenté dans cette exposition. Nul hasard donc, que la découverte de sa production cachée en 1973 ait propulsé son œuvre et sa vie dans un tunnel à miroir déformant, décrivant tour à tour Darger comme pédophile, génie maudit, artiste pieux et personnalité queer. L’exposition collective « Henry Darger Summer Camp » propose d’extrapoler chacune de ses interprétations par une mise en relation inattendue avec les œuvres de jeunes artistes de plusieurs continents dont certaines de ces pièces ont été spécifiquement produites pour l’exposition.
L’héritage « Dargeriste » n’est pas dénué d’une conscience du genre. Il pourrait apparaître même comme un ventriloque d’un combat pour une société sans adulte héroïque et sans genre, résolument androgyne. « Tout au long de son travail, il traite, à son insu, de la façon dont les normes de l’enfance nous affectent, démontrant les rôles genrés et la sexualité qu’on nous impose dès la naissance », relève Paul Kinderlsey, l’un des artistes invités de l’exposition. Darger insuffle pourtant une autre mythologie, démonte l’entreprise d’assignation du genre par l’acte-même de création d’un récit épique. Les lectures et relectures sur son œuvre et sa vie étant puissamment vastes, il est possible pour nous, artistes et commissaires, d’y puiser une force et une humeur cachée. Ainsi, se dessine dans l’exposition « Henry Darger Summer Camp » une proposition plurielle qui regarde l’œuvre de Darger de manière directe ou clandestine. L’artiste Thomas Liu Le Lann investit le champ de l’auto-fiction anticipative dans une tentative d’explorer d’autres masculinités ; Matthias Garcia produit des dessins candides en latence d’horreur ; Jennifer May Reiland opte, dans ses œuvres sur papier à l’aquarelle, pour une composition épique, pré-moderne et apocalyptique tandis que Paul Kindersley et Gaël Sillère embarquent leur pratique dans une aventure ouverte théâtrale et plastique. Deux dessins de fillettes en costume de scouts d’Henry Darger donnent le là de cette parade diurne aux élucubrations adolescentes.
Commissaire de l'exposition : Julia Marchand
assistée par Arthur Dayras
dans le cadre du projet Relevés II, Favorinos d'Arles
Henry Darger (1892-1973) entame l’écriture de son récit épique « The Realms of the Unreal » autour de 1910 à Chicago. Pendant près de trente ans, jusqu'en 1939, et de manière totalement isolée, l’artiste et écrivain autodidacte, déploie sur plus de 15 000 pages dactylographiée une histoire fantasmée autour de la guerre glandeco-angélinienne, causée par la révolte des enfants esclaves. Les riches illustrations à l’aquarelle qui accompagnent ce récit sont peuplées de corps pré-adolescents, de créatures fantastiques, de militaires sanguinaires. Les Vivian Girls, ces jeunes princesses héroïques parées d'un sexe masculin, forment ses « petites saintes ». Pour construire sa fiction Darger a besoin de planter le décor et d’attribuer à chacun.e de ses personnages des fonctions, des missions même si des silhouettes reviennent souvent, faute de moyen mais pas faute de talent. Il décalque les figures de petites filles dans les magazines, bandes dessinées et livres d'Histoire qu’il récolte le plus souvent parmi les déchets. Il va même jusqu’à conserver les photos de fillettes disparues affichées dans les journaux. Darger réalise également de nombreux dessins préparatoires de plus petites dimensions aux allures de croquis de costumier comme ceux présenté dans cette exposition. Nul hasard donc, que la découverte de sa production cachée en 1973 ait propulsé son œuvre et sa vie dans un tunnel à miroir déformant, décrivant tour à tour Darger comme pédophile, génie maudit, artiste pieux et personnalité queer. L’exposition collective « Henry Darger Summer Camp » propose d’extrapoler chacune de ses interprétations par une mise en relation inattendue avec les œuvres de jeunes artistes de plusieurs continents dont certaines de ces pièces ont été spécifiquement produites pour l’exposition.
L’héritage « Dargeriste » n’est pas dénué d’une conscience du genre. Il pourrait apparaître même comme un ventriloque d’un combat pour une société sans adulte héroïque et sans genre, résolument androgyne. « Tout au long de son travail, il traite, à son insu, de la façon dont les normes de l’enfance nous affectent, démontrant les rôles genrés et la sexualité qu’on nous impose dès la naissance », relève Paul Kinderlsey, l’un des artistes invités de l’exposition. Darger insuffle pourtant une autre mythologie, démonte l’entreprise d’assignation du genre par l’acte-même de création d’un récit épique. Les lectures et relectures sur son œuvre et sa vie étant puissamment vastes, il est possible pour nous, artistes et commissaires, d’y puiser une force et une humeur cachée. Ainsi, se dessine dans l’exposition « Henry Darger Summer Camp » une proposition plurielle qui regarde l’œuvre de Darger de manière directe ou clandestine. L’artiste Thomas Liu Le Lann investit le champ de l’auto-fiction anticipative dans une tentative d’explorer d’autres masculinités ; Matthias Garcia produit des dessins candides en latence d’horreur ; Jennifer May Reiland opte, dans ses œuvres sur papier à l’aquarelle, pour une composition épique, pré-moderne et apocalyptique tandis que Paul Kindersley et Gaël Sillère embarquent leur pratique dans une aventure ouverte théâtrale et plastique. Deux dessins de fillettes en costume de scouts d’Henry Darger donnent le là de cette parade diurne aux élucubrations adolescentes.
Commissaire de l'exposition : Julia Marchand
assistée par Arthur Dayras
dans le cadre du projet Relevés II, Favorinos d'Arles